vendredi 29 juillet 2011

Le monde est à moi

Tout seul sur la montagne mon regard embrasse tout le pays à mes pieds. Dans le lointain d'autres collines, des villages si et là, un oiseau qui chante, un tracteur a peine audible. C'est à ce moment que je réalise que le monde est à moi. Et que je suis libre, libre. Je vole au dessus du quotidien. Et le cadeau de Janine à prendre toute sa mesure. Le voici encore une fois pour ceux qui n'auraient pas écoutés à ma fête:

Au-dessus des étangs, au dessus des vallées, des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers, par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité, et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sollonnes gaiement l'imensité profonde avec un indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides; va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur, le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins qui chargent de leur poids l'existance brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse s'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensées, comme des alouettes, vers les cieux le matin prennent un libre essor,
Qui plane sur la vie, et comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal-Elévation


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